Le secteur laitier en Corée du Sud : des tensions locales favorisant les importations étrangères
Le marché des produits laitiers en Corée du Sud, bien que ne faisant pas partie de la cuisine sud-coréenne traditionnelle, est en hausse avec des produits particulièrement appréciés et consommés quotidiennement comme le lait et les yaourts. L’occidentalisation des modes de consommation depuis les années 2010, entrainant de facto l’augmentation des importations de produits laitiers étrangers, en est la raison principale.
L’industrie sud-coréenne des produits laitiers est plutôt concentrée avec pour principaux acteurs en 2021 : Seoul Dairy Cooperative (20,2% de PdM en valeur), Maeil Dairy Industry (15,9%), Yakult Korea (13,1%), Namyang Dairy Products (9,6%) et Binggrae (7,3%).
Les professionnels du secteur Sud-Coréens sont en ce moment en crise avec le gouvernement local en raison du haut niveau de prix du lait cru. En effet, le prix de ce dernier est indexé sur les coûts de production, ce qui en fait un des laits parmi les plus chers du monde (0,80€/litre). Le fort système d’encadrement des prix pour les producteurs rend la production domestique peu compétitive face aux produits importés. De fait, on observe une chute du taux d’autosuffisance coréen pour le lait, passé de 77% en 2001 à 48% en 2020, ainsi que du nombre d’exploitations (-61% sur la même période).
Le précédent gouvernement entendait vouloir baisser le prix du lait destiné à la transformation à 0,44€/litre, tout en prévoyant une aide gouvernementale de 0,15€/litre. Les négociations sont toujours en cours, mais leurs chances d’aboutir sont faibles. En effet, la récente réforme du Comité coréen des produits laitiers affaiblit le pouvoir décisionnel des agriculteurs coréens, leur supprimant toute possibilité de véto lors des négociations.
Une consommation coréenne tournée vers des produits sains, innovants et de plus en plus diversifiés
Au niveau des tendances de consommation, le consommateur sud-coréen apprécie les options de produits laitiers biologiques et fonctionnelles. Les produits laitiers transformés et intégrés au café ont également le vent en poupe.
Le principal segment de l’offre étrangère en croissance est le marché du beurre et de la margarine avec l’introduction de produits de plus en plus variés. Le beurre est destiné principalement au marché B2B (à 85%), utilisé par les fabricants BVP et les industriels. On observe sur place une véritable popularité des produits à base de beurre français (croissants, sablés, galets bretons au beurre, etc.), avec notamment une affection particulière des coréens pour les beurres AOP, gages de qualité. Le e-commerce participe à cette tendance de consommation via la croissance de boutiques spécialisées dans la BVP française (ex : Maison MO, Napoléon, Paris Baguette, Yann Couvreur, etc.).
La consommation de yaourt connait également une forte croissance, en partie due à l’importante démocratisation des laitages à boire. Cette tendance, majoritairement dominée par l’offre locale, s’inscrit dans une démarche healthy. En effet, à travers cette demande, le consommateur Coréen recherche principalement les vertus digestives du yaourt (probiotique, etc.). A noter également le développement du segment des boissons végétales (avoine), notamment utilisées dans les cafés.
Enfin, concernant le fromage, les coréens aiment consommer des produits « simples ». La salade Caprese, appréciée des femmes dans la tranche d’âge 20-30 ans, a grandement popularisé la mozzarella et la burrata. De plus, les produits occidentaux tels que les sandwiches, tartines ou encore salades ont permis aux fromages à pâte molle ou à tartiner de renforcer leur présence sur le marché. Les fromages de type ingrédients sont également plébiscités, notamment dans la confection de pizzas ou de plats à gratiner.
La France gagne des parts de marchés et se positionne actuellement en tant que 4ème fournisseur de la Corée du Sud
La Corée du Sud a importé pour 1,227 Mds EUR et 382 799 tonnes de produits et ingrédients laitiers en 2021, soit respectivement +11,78% et +11,04% par rapport à l’année précédente. Sur la période 2016-2021, le pays a augmenté ses importations de +39,5% en valeur et +30,2% en volume.
Les importations coréennes sont dominées par le fromage (579 M EUR), le lactosérum (170 M EUR) ainsi que le beurre (123 M EUR).
Les principaux fournisseurs de la Corée du Sud en 2021 (en valeur) sont les Etats-Unis (25,5% PdM), la Nouvelle-Zélande (15,6%), les Pays-Bas (14,6%), la France (11,7%) et l’Allemagne (11,4%).
La France a gagné des parts de marchés ces dernières années, passant de 9,7% du total import en valeur (soit 72M EUR) en 2016 à 11,7% (soit 144 M EUR) en 2021. Les principaux produits importés en provenance la France sont le beurre, le fromage, la crème et les desserts lactés.
La France se positionne ainsi en tant que 1er fournisseur de beurre en valeur et 2ème en volume ainsi que 1er fournisseur en valeur et volume sur la catégorie lait et crème de lait (SH 0402).
S’agissant de la catégorie fromage, la France se classe en 7ème et 8ème position respectivement en volume et valeur derrière un top 3 dominé par les Etats-Unis, la Nouvelle Zélande et l’Allemagne.
Les importations coréennes de yaourt ont augmenté de +105,7% en volume entre 2020 et 2021 (de 1025 tonnes à 2 108 tonnes). Cette évolution est en partie due à l’importante consommation de yaourt grecque. Ainsi, la Grèce a vu ses exportations de yaourt augmenter de +179% sur la même période, se hissant à la seconde place sur le marché. Le major player reste toutefois les Etats-Unis.
Des opportunités sur les segments beurre et crème
L’augmentation conséquente des importations de produits laitiers français ces dernières années en Corée du Sud démontre le fort potentiel de l’offre française, cette dernière s’illustrant notamment dans le secteur BVP.
On observe sur place une multiplication du nombre d’artisans boulangers/pâtissiers avec pour conséquence une croissance de la demande domestique en produits laitiers tels que le beurre et la crème, segments sur lesquels la France est bien représentée.
De nouveaux phénomènes de consommation font également apparaitre des segments prometteurs pour l’offre française :
- Le développement des desserts lactés, des desserts frais ou glacés à base de produits laitiers. Des produits que l’on retrouve principalement dans les Grandes & Moyennes Surfaces (GMS).
- La montée en gamme du marché des produits laitiers et la croissance de l’offre importée du secteur. Cette premiumisation se traduit par une demande en beurres AOP qui ne sont pas encore présents sur le marché coréen notamment le beurre et la crème Bresse AOP.
N’y faisant pas attention il y a encore peu par manque d’initiation, les coréens sont de plus en plus sensibles aux labels et certifications. La crème séduit le consommateur local, tout particulièrement lorsqu’elle est bio ou eco-friendly. De plus, dans la quête d’alternatives biologiques fonctionnelles de type « santé et bien-être » ou encore « low-fat », les crèmes allégées sont plébiscitées.
Si aujourd’hui, le marché du fromage en Corée du Sud est dominé par les produits italiens et américains, il n’en demeure pas moins qu’un fort potentiel de développement attend l’offre française, notamment pour les fromages légers au niveau de l’odeur comme le brie par exemple.
Quelques aspects à prendre en compte pour exporter en Corée du Sud
Pour entrer sur le marché coréen il est essentiel de s’intéresser aux bonnes pratiques à mettre en place :
- Une image de marque bien développée: importance de développer ses canaux de communication tels que les réseaux sociaux avec notamment Instagram. Son utilisation est fortement conseillée avec des hashtags en coréen. En effet, la Corée du sud est un pays hyper connecté.
Des exemples d’hashtags : (français) #프랑스, (beurre) #버터, (crème) #크림, (fromage) 치즈, (lait) #우유, beurre français #프랑스버터 - Une mise en valeur de l’image France: l’image France doit être présente sur le packaging.
(Région de France, fabriqué en France, etc.) - La réputation: communiquer sur la réputation du produit. Par exemple, mentionner si le beurre a été utilisé par des chefs ou si des précédentes expériences d’exportations ont eu lieu dans des pays de la zone (Japon, Taiwan).
- L’innovation : avec notamment des éditions limitées ou encore des produits lactose-free.
Une analyse des aspects réglementaires est également incontournable :
- Mise en application de l’Accord de libre-échange Corée du Sud – UE, entré en vigueur le 1er juillet 2011, les droits de douane sont progressivement réduits ou supprimés pour les produits laitiers, mais certains produits sont néanmoins soumis à des quotas au-delà desquels des droits de douane non réduits s’appliquent (ex : beurre 0 ou 8% / quota : 443 tonnes)
- Nécessité d’être enregistré auprès des autorités coréennes pour exporter des produits laitiers vers la Corée du Sud (démarche à effectuer auprès de FranceAgriMer)
- Les produits issus de l’agriculture biologique en provenance de l’UE bénéficient depuis le 1er février 2015 d’un accord d’équivalence avec la norme coréenne bio.
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Sources : Global Trade Atlas ; Euromonitor ; Bureau Business France Corée du Sud ; Fiche marché - Corée du Sud ; Analyse et potentiel de marché - Corée du Sud.