Le secteur des fruits à pépins (pommes et poires) fait actuellement face à de nombreuses incertitudes.

L'accélération des coûts des intrants agricoles, la hausse des tarifs d'expédition, les problématiques de main d’œuvre, l’engorgement des ports et l’impact du conflit russo-ukrainien sur la redistribution des flux des pays exportateurs mettent à mal les exportations des grands pays producteurs de l’hémisphère sud et diminuent la rentabilité des exploitations arboricoles. Ces phénomènes auront des conséquences directes sur les investissements dans le secteur.

Concernant les pommes, l'hémisphère sud pourrait connaître une baisse de production de 7% en 2022 (4 864 000 tonnes de pommes contre 5 217 000 tonnes en 2021). Les exportations resteront stables et se situeront autour de 1 744 762 tonnes. Concernant les variétés, la pomme Gala continuera d'être la plus produite au monde avec un total de 1 706 000 tonnes.

Concernant les poires, une baisse de 6% des récoltes est prévue, en raison notamment d’une forte baisse des productions argentines de 13%, 11% au Chili et 6% en Australie.

Voici un point de situation dans 4 des grands pays producteurs de pommes et poires de l’hémisphère sud :

 

Afrique du Sud 

 

L'Afrique du Sud devrait connaitre une production record de fruits à pépins en 2022. La superficie de pommes est passée de 25 272 ha en 2020/21 à environ 25 500 ha cette année.

L'arrivée de jeunes vergers en production est l'un des principaux facteurs contribuant à l'augmentation de l'estimation de la production et de ce fait des exportations. Les cultivars de pommes tels que Cripps Pink/Pink Lady® et Cripps Red/Joya® devraient connaître une augmentation significative de leurs exportations, respectivement de +9% et +20%. Ceci est dû aux nouvelles souches de cultivars offrant de meilleurs rendements qui ont été plantés ces dernières années. La tendance devrait ralentir en fin d’année 2022.

En ce qui concerne les poires, les Forelle sont toujours en augmentation, ainsi que les volumes de poires Cheeky, Celina et Rosemarie.

 

Argentine et Chili

 

Comme pour une grande partie de la production agricole d’Argentine, les conditions climatiques ont également impacté la production de pommes.

Les petits producteurs indépendants en Argentine ont perdu entre 30 % et 50 % de leurs récoltes, tandis que les plus grands ont perdu entre 5 % et 15 % en raison des conditions météorologiques difficiles. Par ailleurs, l'Argentine fait face à des coûts de production plus élevés, car l'impact des coûts fixes sur une récolte plus petite est plus important.

En 2021, 497 600 tonnes de pommes ont été récoltées, dont 259 800 tonnes étaient destinées au marché intérieur sous forme de fruits frais, tandis que 159 600 tonnes pour l'industrie et 78 200 tonnes à l’exportation.

Pour l’année 2022, le Chili continuera d'occuper la première place dans la production de pommes. Au cours de la campagne 2020/21, les exportations chiliennes de pommes s’étaient élevées à 635 145 tonnes, les estimations 2022 annoncent un recul de plus de 5 % par rapport à la campagne précédente. Les exportations de poires devraient également afficher une baisse en 2022 pour atteindre 113 588 tonnes.

L'Argentine restera le premier producteur de poires avec 522 000 tonnes en 2022 et le deuxième exportateur mondial.

 

Nouvelle-Zélande

 

New Zealand Apples and Pears (NZAPI), l’organisme représentant les producteurs de fruits à pépins du pays, a publié en mai 2022 une nouvelle prévision de récolte qui prévoit une baisse de 12 % par rapport aux prévisions d'avant saison. La combinaison d'événements météorologiques défavorables dans les principales régions de culture et d'une pénurie de main-d'œuvre importante au cœur de la récolte a empêché les producteurs de maximiser leurs récoltes.

La production de pommes pour la saison 2022 devrait s'établir à 553 000 tonnes. C'est 6 % de moins par rapport à la saison 2019/20 et seulement 3 % de plus que l'estimation 2020/21. De même que pour 2021, les volumes de production et d'exportation en 2022 devraient être considérablement plus faibles qu'avant le début de la pandémie.

L'estimation des exportations de pommes pour cette année est de 375 000 tonnes. Bien qu'en hausse de 5 % par rapport à l'année dernière, elle reste inférieure de 7 % par rapport à la saison record de 2019/20.

L’industrie pommicole néo-zélandaise veut être exempte de pesticides d’ici 2050. Le programme établi vise à réduire de 50 % l'application de pesticides d'ici 2030. L'obtention d'un statut sans pulvérisation d'ici 2050 réduirait les émissions de gaz à effet de serre du secteur de 35 %. Le pays espère ainsi pouvoir conserver des marchés d'exportation de grande valeur.

Les estimations pour la production de poires de la Nouvelle-Zélande sont de 11 500 tonnes pour la saison 2021/22, en baisse par rapport aux prévisions, mais toujours en augmentation d'une année sur l'autre par rapport à la campagne précédente.