Introduction

Les producteurs et les conseillers observent avec inquiétude le déroulement de l’hiver 2019-2020. Les températures positives persistent, le sol est dégelé. Les bourgeons sur les arbres sont très gonflés et se préparent au début de la végétation. De nombreuses espèces d’arbres fruitiers ne sont pas entièrement préparées aux baisses de température possibles et annoncées en mars. Si un refroidissement rapide et important se produit au printemps, de grandes pertes de production sont attendues. En effet, l'accélération de la végétation signifie un plus grand risque quant aux gelées printanières survenant au moment de la floraison.

Les fruiticulteurs craignent également la sécheresse. L’absence de neige signifie des ressources en eau réduites dans le sol. Les données disponibles indiquent d’ores et déjà une faible humidité du sol (inférieure à 40%, voire à 35%) et une sécheresse atmosphérique et agricole très intense, notamment dans les régions de Couïavie, Poméranie Occidentale, en Grande Pologne, dans la région de Łódź et en Varmie-Mazurie. Les ressources en eau nécessaires à une croissance et à une fructification normale pourraient manquer dès le mois d’avril. Les conséquences seraient alors dramatiques.

Etat du stock de pommes

Au 1er janvier 2020, l’état des stocks de pommes s’élevait à 835 000 tonnes contre 1 474 000 tonnes en janvier 2019. Les variétés dominantes encore en chambres froides étaient : Idared (160 000 tonnes), Shampion (110 000 tonnes), Golden Delicious (100 000 tonnes), Red Jonaprince (100 000 tonnes) et Gala (95 000 tonnes).

L’année 2019 a débuté par des gelées printanières, dont ont souffert les pommiers, et notamment la variété Jonagold. Les fruits stockés sont aujourd’hui en grande partie déformés, sans pépins ou abimés.

L'état des pommes a également été affecté par la sécheresse et un été 2019 chaud et ensoleillé. Les pommes ont cessé de pousser en juillet et les conséquences sont visibles dans les usines de tri, où, par exemple, la variété Gala a un pourcentage élevé de pommes de calibre inférieur à 65 mm.

Perspectives du secteur

Mirosław Maliszewski, président de l'Union des fruiticulteurs de Pologne, a accordé une interview au portail Sady i Ogrody. Il explique notamment à quels enjeux devront faire face les producteurs de fruits cette année, et en particulier les pomiculteurs.

Selon lui, l’année 2020 sera façonnée par la météo. Ce sont les facteurs météorologiques les plus importants qui détermineront la situation des vergers cette année.

Le deuxième problème auquel les producteurs devront faire face cette saison sera sûrement l'accès à une main-d'œuvre bon marché, et ce quelle que soit l’importance de la récolte. Même en cas de faible production, il peut y avoir une pénurie de main d’œuvre, surtout pendant la récolte. Le secteur est en concurrence directe avec le commerce et la construction, et ne se place pas en position de force. Mr Maliszewski insiste sur le fait que des changements dans l'accès au marché du travail polonais sont nécessaires. Il recommande d'élargir la liste des pays dont les citoyens devraient bénéficier des mêmes procédures d'arrivée simplifiées que les Ukrainiens, notamment à l'Inde, au Bangladesh, à l’Ouzbékistan, à la Mongolie, au Vietnam, et au Népal entre autres. Sans cela, il parait impossible de rivaliser sur le marché international.

 

En ce qui concerne les fruits destinés à la transformation, Mr Maliszewski redoute les tentatives de l’industrie d'imposer des prix d'achat bas. Sa proposition pour contrer ce phénomène est la mise en place d'un système universel et obligatoire d'accords contractuels avec un paramètre de prix de référence afin de renforcer la position des producteurs dans les relations avec l’industrie. Ce projet de loi n'a cependant pas encore été présenté au gouvernement.

Enfin, Mr Maliszewski explique que malgré les aléas météorologiques, la faible récolte de 2019 laisse présager une augmentation de la production en 2020. Ceci - en supposant que l'absorption des marchés soit limitée et que la concurrence augmentera l'offre - peut signifier des prix bas pour les producteurs polonais. Cela peut être évité par des activités intensives de soutien à l'exportation et la mise en place de projets pour diriger les excédents de pommes à des fins non alimentaires, par exemple pour la production d'énergie.