Le mois de juin devrait être crucial pour la reprise économique du pays, qui sera progressive et encadrée selon les consignes du gouvernement fédéral et de chaque Etats, où les 32 gouverneurs du pays ont la charge d’appliquer les mesures de prévention liées à l’urgence sanitaire.

A ce jour, de nombreux commerces formels et informels restent fermés, une situation particulièrement délicate pour les 30 M de Mexicains vivant du commerce de rue (INEGI). Les commerçants et les entreprises, tous secteurs confondus, s’adaptent et saisissent cette opportunité pour mettre en place de nouvelles stratégies commerciales et logistiques afin de minimiser les conséquences économiques négatives. Les services et plateformes de livraisons à domicile se sont positionnés et sont devenus aujourd’hui indispensables pour une grande partie de la population, y compris les personnes âgées.

Les mesures de sécurité sanitaires sont appliquées de manière hétérogène sur l’ensemble du territoire mexicain et reflète le défi d’uniformisation auquel est confronté le gouvernement du Président Andrés Manuel Lopez Obrador pour faire face à la crise.

Dans la ville de Mexico, le Ministère des transports publics a pris la décision de fermer plusieurs stations de métro, bus et métrobus afin de ralentir la propagation du virus. Malgré ces restrictions, de nombreux Mexicains, par obligation, continuent de se déplacer quotidiennement.

Concernant les aéroports, ils restent en grande majorité ouverts, en ajustant à la baisse les fréquences des vols nationaux autant qu’internationaux. Au mois d’avril, l’aéroport de la ville de Mexico a enregistré une baisse de -92,8% de sa fréquentation. Historiquement, le Mexique est un pays ouvert qui ne ferme pas ses frontières.

 

Un discours d’état qui se veut rassurant

Le vice-ministre de la santé, Hugo Lopez Gatell, présente de manière quotidienne un rapport sur l’évolution du virus et des mesures prises par le gouvernement. Celui-ci se veut rassurant et affirme avoir limité de 65% la mobilité des Mexicains depuis le début de la période de la quarantaine mise en place le 23 mars dernier, ce qui a contribué à limiter fortement le nombre de cas. Lors de la conférence du 7 juin, les chiffres officiels font état de 117 103 cas confirmés, 19 629 cas confirmés actifs, 45 317 cas suspects et 13 699 décès. Le virus se propage toujours de manière exponentielle alors que le pic était initialement prévu début mai.

La Maire de Mexico, Claudia Sheinbaum, estime un retour de la ville à « sa nouvelle normalité » en août. Les différentes villes mexicaines sont classées selon un système de feux colorés fondés sur l'occupation hospitalière (vert, orange et rouge) afin de mettre en place le plan de déconfinement et de reprise progressive des activités économiques. La capitale restera en catégorie rouge jusqu'au 15 juin et doit faire face à une pression toujours plus forte de la demande hospitalière (72% d'occupation – information au 20 mai 2020). Une liste restreinte de zones réouvriront -de manière limitée- vers la fin du mois de juin, en fonction de leur impact sur l’économie du pays ou du type d’activités. Le retour sur les bancs de l’école en présentiel n'aura pas lieu avant le mois d'août 2020, date correspondant à la traditionnelle rentrée scolaire.

Le renforcement des relations du Mexique avec la France et la Chine

Début avril, une première livraison d’équipements et matériels pour la lutte contre le Covid-19 en provenance de Chine est arrivée à l’aéroport de Mexico. Un pont aérien a été établi par la suite entre les deux pays pour faciliter la mise à disposition de masques, surprotections en plastique et autres matériels nécessaires au travail du corps médical pendant la crise sanitaire. Début juin, on dénombrait  un total de 17 vols effectués entre la Chine et le Mexique, une vraie prouesse !

Concernant la France, le secrétaire mexicain des relations extérieures, Marcelo Ebrard a annoncé fièrement via Twitter la collaboration étroite avec la France suite à un échange téléphonique avec notre Ministre de l’Europe et des Affaires étrangères, M. Jean-Yves Le Drian : « nous avons convenu d’une étroite coopération franco-mexicaine face au Covid-19 avec le Ministre des Relations extérieures de la France, Jean-Yves le Drian. Il a été décidé de renforcer l'accès universel à d'éventuels vaccins et j'ai remercié la France pour son soutien quant au processus de modernisation de l'accord commercial avec le Mexique ». En effet, le mardi 28 avril, l’Union européenne et le Mexique ont conclu les négociations d’un nouvel accord commercial de libre-échange en discussion depuis 2016.

 

Des opportunités naissantes malgré un impact prévisible sur le PIB

Au même titre que pour le reste de l’économie mondiale, une baisse du PIB mexicain pour 2020 oscillant entre -5% et -8% en moyenne a été estimé par les grandes institutions mondiales (FMI, Banque mondiale, etc.). Le Mexique est un pays qui a souffert de nombreuses crises et qui, à chaque fois, en a tiré les enseignements pour repartir de plus belle. Les économistes locaux estiment d’ailleurs un retour de l’économie à son niveau de l’année 2019 dès 2021.

Plusieurs secteurs souffrent actuellement de la crise, notamment le tourisme. Le Mexique est la première destination touristique d’Amérique Latine avec 42,6 M de touristes en 2019 et ce secteur représente 8,8 % du PIB. La réouverture du secteur hôtelier sera progressive, elle est définie au niveau fédéral et gouvernemental. Une certification sanitaire sera mise en place dans l’Etat du Quintana Roo (région de Cancun) par le ministère du tourisme, à titre gracieux pour les hôteliers respectant les mesures appliquées par le gouvernement. Pour dynamiser les réservations, les hôteliers proposent d’ores et déjà de réserver des chambres pour le mois de juin. Ils espèrent une reprise rapide en se concentrant dans un premier temps sur le tourisme national, celui-ci représentant 80% de l’activité touristique du pays. La deuxième phase sera celle d’une promotion destinée plus particulièrement aux touristes nord-américains, clé de voute des recettes touristiques dans le pays. 

Les professionnels du secteur étudient la création d'un "Buen Fin" touristique qui aurait lieu entre juin et août, l’équivalent du Black Friday dédié au tourisme national avec des alliances entre les groupes hôteliers et les compagnies aériennes avec des facilités de paiement aux voyageurs. D’après Expedia (leader des ventes en ligne), Cancun était la 5ème destination mondiale la plus recherchée pour l’achat de vols depuis les Etats-Unis au mois d’avril. Les nord-américains (USA et Canada) projettent des voyages à Cancun et Los Cabos (côte Pacifique), tout particulièrement durant la période du springbreak (mi-juin).

De nombreuses entreprises voient en cette situation une opportunité pour accélérer leur transition numérique. On estime que le commerce en ligne au Mexique a acquis l’équivalent de 3 ans d’expérience et de développement depuis le mois de janvier 2020. Selon KantarWorldPanel, « le Mexique est le pays où le nombre d'acheteurs en ligne à le plus augmenté et a quintuplé son taux de pénétration dans le canal du commerce électronique en Amérique latine au cours des dernières semaines, en raison de l'isolement à domicile et des mesures pour éviter la propagation de la Covid-19 ». En fin de crise, les Mexicains auront changé considérablement leurs modes d’achat et le type de produits qu’ils souhaiteront consommer. De nombreux consommateurs ayant testé la rapidité et la qualité des nouveaux services d’achats en ligne et la praticité d’une commande via une application ou en ligne, continueront à consommer selon ce modèle après la crise.

Concernant les startups, une étude a été menée auprès de la FrenchTech, réseau de startups mexicaines fondées par des Français au Mexique. Cette étude montre que 83% des entreprises sondées souffrent de problèmes de paiement, de commandes ou d’annulation et que la volatilité du peso mexicain (MXN) face au dollar (USD) ou à l’euro (EUR) fragilise leur trésorerie. On remarque la forte volatilité du taux de change sur cette période : en mai 1 EUR valait 25,05 MXN, alors que ce même euro valait 21,62 MXN en mars, soit une différence de plus de +15% en quelques semaines. Cette situation est un défi pour les entreprises locales qui importent des produits français mais est un avantage pour les acheteurs venant des Etats-Unis et d’Europe.

L’anticipation du retour à la nouvelle normalité

De nombreux Mexicains restent positifs et souhaitent mettre à profit cette période pour repenser leur stratégie et anticiper le retour à la normale. Plusieurs évènements physiques lanceront leur version online, comme par exemple le Tianguis touristique du Yucatan, célèbre salon du tourisme, qui se réinvente.

Un nombre considérable d’opportunités de digitalisation apparaissent et donneront lieu à de nouvelles formes de travail (est-il si utile d’avoir un bureau quand les employés peuvent être en télétravail ?), une stratégie de commercialisation en grande partie en ligne, une réattribution des budgets de marketing avec la préférence de nouveaux canaux de communication. Cette épreuve est déjà perçue par les entreprises au Mexique comme une opportunité de moderniser le pays durablement, d’améliorer les moyens de distribution des produits et la relation client.

 

Sources : Forbes Mexico, Twitter, KantarWorldPanel, Fashion Network, Aeropuerto de la ciudad de Mexico, Gobierno de la ciudad de Mexico, Secretaria de salud, Ejocentral

 

 

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