I/ Les grands défis de la filière arboricole

Alors que 2021 est consacrée année internationale des fruits et légumes par la FAO, la filière arboricole vit une année des plus compliquées, le gel printanier venant s’ajouter aux nombreux challenges déjà préoccupants pour la filière.

En effet, les défis auxquels les arboriculteurs doivent faire face s’accélèrent et s’articulent autour de 4 grands aspects :

Les retraits d’homologation et restrictions d’usage pleuvent sur la filière arboricole sanspour autant que des solutions alternatives soient proposées pour la protection des vergers sans perte de qualité. Cette tendance pourrait être accentuée par les retraits actés et révisions d’homologation prévues en 2021 au niveau européen et national rendant le risque d’impasses techniques réel à très court terme.

La filière arboricole est en manque de main d’œuvre et de compétences: pour y remédier, elle doit se pencher sur la formation, la mécanisation et le développement de son attractivité. Attirer de nouveaux salariés est désormais une urgence, la crise sanitaire ayant exacerbé la dépendance de cette filière aux travailleurs saisonniers étrangers.

Une société civile suspicieuse à leur égard : depuis une dizaine d’années, l’agriculture et l’arboriculture en particulier sont montrées du doigt par la société civile sur ses pratiques phytosanitaires. Les démarches comme celle des vergers écoresponsables ou la HVE misent sur des messages positifs pour infléchir cette représentation erronée. L’ANPP (Association Nationale Pommes Poires) souhaite ainsi rattacher la démarche vergers écoresponsables à un label bas-carbone.

Enfin, le dérèglement climatique et notamment les épisodes de gel de plus en plus fréquents : les effets du changement climatique sont maintenant visibles dans tous les bassins de production. Ils bouleversent les équilibres tant biologiques qu’économiques des filières arboricoles et remettent en cause leur existence même. Grêle, gel tardif, fortes précipitations, sécheresse, températures élevées, manque de froid hivernal… Ces phénomènes autrefois ponctuels sont maintenant récurrents, exacerbées et généralisés sur tous les bassins de production.

 Le gel que nous avons vécu en avril témoigne de cette difficulté permanente pour les arboriculteurs et de l’impact grandissant du dérèglement climatique sur nos récoltes. Que ce soit dans l’Est, le Sud, le Sud-Ouest ou le Val-de-Loire et le Limousin, toutes les grandes régions productrices de fruits ont été touchées par la vague de froid de début avril, avec des conséquences parfois désastreuses.

 

II/ L’export reste un levier de croissance pour relever les défis de l’arboriculture française, notamment pour le secteur de la pomme qui ne connait pas la crise.

  A. Bien que déjà en difficulté avant la crise, la filière arboricole résiste, notamment à l'export

En 2019, les producteurs français de pommes ont récolté davantage de pommes qu’en 2018, alors que la récolte européenne était en recul (-15% comparé à la moyenne quinquennale) : La récolte de pommes françaises s’élevait à 1,652 million de tonnes cette année-là contre 1,3 million de tonnes en 2020.

La récolte de poires en 2019 était déjà considérée comme historiquement basse, avec -14% versus 2018.

La récolte de pêches et d’abricots sera très réduite en 2021 du fait des épisodes de gel printanier, avec notamment une baisse de 40% de la production d’abricots comparé à la moyenne quinquennale et de plus de 35% pour les pêches nectarines ; à l’image de tous les bassins de production européen.

A l’export, la filière arboricole résiste relativement bien à la crise voire reconquiert des parts de marché en ce début d’année 2021. C’est le cas pour le secteur des pommes et des poires. Malgré une contraction des exportations sur la campagne 2020-2021, le premier trimestre 2021 affiche des chiffres positifs sur certains marchés.

Concernant les filières des pêches, nectarines et abricots, les difficultés structurelles de la filière avaient entraîné une réelle chute à l’export ces dernière années, baisse qui semble s’amenuiser depuis la crise : les exportations s’étaient contractées de près de 40% en deux ans (de 2016 à 2018) contre seulement 5% entre 2019 et 2020, en pleine pandémie mondiale.

 

 

 B. La filière des pommes et poires françaises tire son épingle du jeu à l’export vers les marchés de proximité : miser sur l’UE et sur notre voisin britannique

Si du fait de la pandémie, les exportations françaises ont globalement chuté, certaines destinations traditionnelles de la pomme française en UE affichent une croissance à 2 chiffres notamment vers l’Allemagne, les Pays-Bas et le Portugal.

Exportation de pommes françaises en tonnes en 2020-2021

 

Source : GTA connect 

Quant à nos échanges outre-Manche, ni le Brexit ni la Covid-19 ne semblent entraver nos exportations. Alors que le pays insulaire représentait déjà plus de 25 % des exportations françaises, celles-ci ont bondi en ce début d’année atteignant 33% des exportations françaises de pommes, poires et coings frais comme l’illustrent les graphiques ci-dessous.