Les pays du Proche et Moyen Orient ont longtemps profité de leurs ressources naturelles en pétrole pour s’enrichir et ainsi connaitre une croissance exponentielle. Toutefois, depuis l’effondrement des cours de l’or noir, la région a mis en place de nouvelles stratégies pour stimuler d’autres secteurs économiques (avec notamment les plans « Abu Dhabi Economic Vision 2030 » aux Emirats Arabes Unis et le « Qatar National Vision ») et préparer l’ère post-pétrole. Bien que la région doive faire face à de multiples enjeux environnementaux tels que des températures extrêmes et un sol instable du fait de sa composition, les pays de la zone font preuve d'une grande résilience et regorgent d'opportunités dans le secteur de la construction.

Ces divers investissements seront mis à l’honneur lors des deux prochains événements internationaux : à Dubaï, avec la première Exposition Universelle organisée au Moyen Orient en octobre 2021 sur la thématique de la Ville du Futur et dont l’objectif est d’« étonner le monde » et au Qatar, avec la Coupe du Monde de la Fifa en 2022. Ces événements seront de véritables vitrines pour les projets de construction mis en œuvre ces dernières années et ce sera l'occasion pour ces pays de dévoiler au monde entier le savoir-faire de la région et ainsi espérer devenir un modèle pour les villes de demain. 

La pandémie de la Covid -19 a causé de lourds dommages économiques, impactant la croissance du marché de la construction de toute la région. Le budget du plan « Abu Dhabi Economic Vision 2030 » a notamment dû être revu à la baisse, dont 8 milliards de dollars y ont été retirés. Néanmoins, de nombreux plans de relance gouvernementaux vont permettre au secteur de la construction de connaitre un rebond de croissance de 2 à 3 points de pourcentages supplémentaires dès 2021 (croissance du secteur estimée à 1,9% en 2020 contre 3,8% estimée en 2021 pour les Emirats Arabes Unis).

Emirats Arabes Unis 

Le secteur du bâtiment aux Emirats Arabes Unis représente plus de 25 milliards de dollars et compte 306 milliards de dollars de projets à venir, dont 80% sont des projets urbains et infrastructures. Cela prouve que les Emirats Arabes Unis ne cessent de s’affirmer en tant que puissance économique et financière incontournable de la région et justifie sa 2ème place sur le marché de la construction derrière l’Arabie Saoudite. Le pays accueille de grandes sociétés immobilières comme Aldar et Emaar. Cette dernière est notamment à l’origine du plus haut gratte-ciel et du plus grand centre commercial au monde, le Burj Khalifa et le Dubaï Mall.

Par ailleurs, de grands constructeurs sont présents comme Al Naboodah Contracting, constructeur de la plus grande tour au monde, la « Dubai Creek Tower », Besix, constructeur du pavillon français pour l'exposition universelle et Arabtec, constructeur du pavillon E.A.U pour l'exposition universelle. La diversification du secteur de la construction offre des opportunités variées : urbanisation accélérée, création de villes satellites, de zones industrielles, de bâtiments et de villes « vertes ».

Le vaste plan « Abu Dhabi 2030 » vise à transformer et diversifier le modèle économique de l’Emirat, répondre à l’évolution démographique croissante (population passant de 1,3 million à 3 millions d’ici 2030) et réduire sa dépendance à l’or noir. Ce programme est un exemple d’investissement massif dans des projets de transports, d'infrastructures, des bâtiments résidentiels et commerciaux et les projets industriels. Très récemment, Aldar s’est vu devenir le plus grand développeur du pays devant Emaar grâce à un accord de 8,2 milliards de dollars pour construire plus de 25 000 maisons et infrastructures pour les citoyens émiratis.

 

Arabie Saoudite

L’Arabie Saoudite est la 1ère puissance économique du Moyen Orient (50 % du PIB cumulé du Golfe arabo-persique) et la 18ème mondiale. Le secteur de la construction est le 4ème plus important du Royaume avec un taux de croissance annuel moyen estimé entre 2019 et 2024 à 7%. Aujourd’hui, 5 200 projets sont en cours de construction pour une valeur totale de près de 819 milliards de dollars. Les principaux constructeurs du pays sont de grandes entreprises familiales saoudiennes capables d’intervenir sur tout ou une partie du secteur de la construction.

Parmi les secteurs porteurs, on note celui du bâtiment résidentiel avec 3,3 millions de logements nécessaires d’ici 2025, le secteur hôtelier, touristique et du divertissement car le pays fait face à un sous approvisionnement en hôtels alors qu’il prévoit d’accueillir 100 millions de touristes d’ici 2030 et le secteur de l’efficacité énergétique, qui est nécessaire pour ce pays classé 3ème plus gros consommateur d’énergie mondial. Pour répondre à ses défis, plusieurs giga-projets de villes nouvelles sont prévus.

Le mégaprojet Amaala prévoit d’attribuer les principaux contrats des six actifs hôteliers en 2021. Le projet aura à terme 700 villas et appartements luxueux, ainsi que 2 500 chambres d’hôtel et devrait être entièrement fini en 2028. Par ailleurs, un nouveau projet de complexe touristique situé dans la gorge naturelle de Sharaan à Al Ula a été dévoilé par l’atelier d’architecture Jean Nouvel.  Enfin, The Red Sea Development Company a attribué plus de 500 contrats d’un montant total de 2 milliards de dollars depuis 2017. Quatre hôtels seront achevés fin 2022 pour accueillir les premiers visiteurs. En 2023, la première phase de développement du projet comptera 12 hôtels et 3 000 chambres repartis sur cinq îles.

 

Qatar

Le plan de développement Qatar National Vision 2030 (QNV 2030), vise un développement du pays sur le long terme avec différents objectifs environnementaux, économiques, politiques. A l’occasion, le Qatar recevra en 2022 la Coupe du Monde de la FIFA avec un budget d’investissement estimé à 200 milliards de dollars. De grands projets d’infrastructures ont été lancés afin de répondre cet événement : construction des stades, extension de Doha Port et de l’Hamad International Airport, du réseau routier, des zones économiques exclusives, réaménagement de la Corniche et du vieux Doha, construction de nouveaux hôpitaux, d’écoles et du réseau de métro de Doha qui a ouvert en 2019.

Le gouvernement souhaite que les « nouvelles villes et villes durables » soient une priorité pour le Qatar. En effet, la préservation de l’environnement est une préoccupation majeure du pays qui prévoit d’investir dans l’efficacité énergétiques des bâtiments et des « green and smart buildings » avec des matériaux durable. Un autre pilier de la QNV 2030 l’aménagement du territoire avec la déconcentration de la capitale Doha, la construction de nouveaux centres urbains et de nouvelles infrastructures de transport (exemple à Al Rayyan, Al Wakrah, Al Shamal et Al Daayen).

A cela s’ajoute l’un des projets les plus importants du Qatar, la nouvelle ville de Lusail, hôte de la cérémonie d’ouverture de la Coupe du Monde 2022. Cette smart city de 40 milliards de dollars accueillera 200 000 habitants et 170 000 travailleurs sur plus de 38 km².

 

Egypte

Dans son dernier rapport, la société d’analyse GlobalData estimait que le secteur de la construction en Egypte devrait croitre de 11,3% en moyenne annuelle entre 2019 et 2023. Parmi les leaders du marché, le groupe Mansour est le méga conglomérat égyptien présent dans tous les secteurs d’activité et notamment dans le bâtiment. Celui-ci détient entre autres l’entreprise Mansour Maghraby Investment and Development, développeur immobilier qui développe des infrastructures essentiellement résidentielles et commerciales

L’un des grands défis de l’Egypte est démographique. Avec plus de 20 millions d’habitants au Caire, le pays doit trouver des solutions pour désengorger sa capitale, pallier la pénurie de logements et la vétusté. Pour répondre à cela, 20 villes nouvelles vont être créées. 13 d’entre elles sont en cours de construction dont la future et nouvelle capitale administrative, nommée provisoirement Wedian. Situé à environ 60km du Caire, cette nouvelle capitale éco-responsable et ultramoderne s’étalera sur 700km². Elle comportera un aéroport, un stade, des milliers de logements, 2 000 écoles et collèges et la plus haute tour d’Afrique « Iconic Tower », actuellement en cours de construction. Avec un budget de 43 milliards d’euros, ce projet espère être un exemple à suivre de ville du futur.

 

Conclusion

Le marché de la construction, du bâtiment et du second œuvre au Proche et Moyen Orient est une véritable opportunité d’affaires pour les entreprises françaises. Ainsi, pour optimiser ses chances de développement commercial sur cette zone, il est indispensable d’avoir un partenaire local.