Le 10 décembre dernier, la 3e édition de l’Agro Export Day réunissait dans les locaux de STATION F quinze experts du secteur agroalimentaire pour échanger sur trois thématiques-phares : implantation d’une entreprise à l’étranger, logistique export et stratégie de choix des marchés.
Entreprises exportatrices, experts financiers, juridiques, conseillers commerciaux, techniques et logistiques… ils ont partagé leurs bons conseils et livré leur expérience sous la caméra de Business France.
L’agence vous propose de revenir sur ces tables rondes en trois articles compte-rendu.
Deuxième thématique : la logistique export…
TABLE RONDE 2 : FLUX, TRAÇABILITÉ, DOUANES… L’EXIGENCE LOGISTIQUE
Dans le domaine de la logistique, l’agroalimentaire tient une place à part, comme le rappelle Anne Sandretto, déléguée général du syndicat TLF Overseas, en prélude aux échanges : « La nature du produit va impacter le choix du moyen de transport, sa température, les délais de livraison, les conditions d’entreposage ou encore les exigences de traçabilité ». Un résumé qui témoigne bien de la pluralité des enjeux logistiques auxquels se retrouvent confrontés les exportateurs…
Une accélération des flux
… Au premier rang desquels les enjeux de volume et de flux : « Avec l’explosion du e-commerce, on observe de plus en plus des flux tendus, avec des livraisons rapides et une volonté de prédire de façon très fine les heures d’enlèvement et de dépôt », explique Hélène Kerjean d’Akanéa.
Dans le BtoB comme dans le BtoC, la problématique de mutualisation émerge alors, comme l’évoque Florence Corre du syndicat des Vignerons Indépendants, utilisateur de la plateforme Plugwine Pro : « Les bouteilles sont entreposées dans un lieu unique à Mâcon, autorisant ainsi le transport de petits volumes agglomérés par palettes : un seul règlement, une seule livraison, mais des vins émanant de plusieurs producteurs ». La mutualisation qui trouve un écho en Chine où 30% de la distribution du vin se fait par e-commerce : « Les market places comme TMall ou JD.com occupent tout l’espace en offrant des solutions logistiques intégrées. Cela peut sembler plus simple mais les problématiques de réglementation et de volumétrie peuvent aussi engendrer une complexité et des coûts supplémentaires » explique Anna Achard de Business France. « Ce qui doit être pris en compte, c’est la question du risque, poursuit Anne Sandretto : risque de voir le produit bloqué en douane, risque de retards de paiements, d’assurances, etc. Il faut que les entreprises soient formées à la notion d’incoterms (conditions de vente définissant les responsabilités de l’acheteur et du vendeur en matière de transport, d’assurance et de dédouanement). »
Renforcer la collaboration en matière de traçabilité
Autre enjeu (corollaire) : la thématique de la traçabilité, mise en lumière par Alexandre Rieucau de GS1 France : « Les dernières années ont vu une baisse de la vigilance en matière de traçabilité alors que les volumes explosent et que les outils numériques se développent. Il faut redonner un rôle à la donnée et établir un langage commun ».
Une injonction qui passe notamment par l’exigence de collaboratif : « Le souci avec la logistique, c’est qu’elle fait intervenir un grand nombre d’interlocuteurs : il est important de les faire interagir mais aussi de prévoir des relais sur place dans les pays » témoigne Hélène Kerjean. D’autant que la traçabilité permet de valoriser certains produits sur des marchés souffrant de contrefaçon : « A GS1 France nous lançons un catalogue numérique pour agglomérer les data produits et livrer ainsi en un scan une vision garantie du produit », déclare Alexandre Rieucau. Même type d’initiative dans le vin avec les étiquetages numériques pour protéger les marques.
« On vit une époque passionnante, affirme Hélène Kerjean : l’IoT, l’IA, la Blockchain, il y a beaucoup d’innovations ! » Et pour cause : l’IoT pourrait permettre de géolocaliser les containers et mesurer en continu leurs températures, tandis que l’intelligence artificielle affinerait les prédictions sur les délais de livraison. Enfin, la Blockchain, véritable registre partagé et inviolable, pourrait assurer un historique de chaque produit. « Mais attention : il faut d’abord renforcer la standardisation des données et garantir ainsi l’interopérabilité entre les différentes initiatives privées de Blockchain » insiste Anne Sandretto.
La dématérialisation des formalités douanières
La table ronde aborde enfin l’apport du numérique sur la complétion des formalités douanières : « C’est un passage obligé pour répondre à la complexification récente des réglementations en matière de sûreté-sécurité » argue Anne Sandretto. « En Chine, des solutions de dédouanement existent grâce au e-commerce transfrontalier, explique Anna Achard, mais elles sont parfois victimes d’une plus grande instabilité réglementaire ». « En termes de simplification, déclare Florence Corre, on souhaiterait surtout avoir une meilleure organisation de l’information pays pour y voir clair au cas par cas : soit une base de données avec les conditions d’étiquettage, de douanes, etc. »
La conclusion des échanges, c’est finalement Anne Sandretto qui la donne : « On ne peut pas penser à exporter sans informatisation ».