L’Hexagone peut se féliciter d'être l'un des États les plus investis dans la lutte contre le réchauffement climatique. Son engagement international se double d’objectifs très ambitieux sur son propre territoire.
Avec l’organisation en 2015 de la Conférence de Paris, plus connue sous le nom de COP21, la France s’est imposée comme un des acteurs les plus dynamiques de la lutte contre le changement climatique. Une position qui s’est encore renforcée lorsque le président américain Donald Trump a annoncé en juin 2017 le retrait américain de cet accord historique visant à contenir la hausse moyenne de la température sous le seuil critique des 2 °C.
Multipliant les initiatives et les rencontres, Emmanuel Macron est devenu l’un des principaux visages de la défense de l’environnement. « Sur le plan planétaire, nous devons franchir une nouvelle étape après l'accord de Paris », a déclaré en juin le président de la République lors de la conférence intitulée « Vers un pacte mondial pour l’environnement ». Il s’est notamment engagé à porter à l’ONU un projet de pacte juridiquement contraignant visant à renforcer le droit de l’environnement.
« La France est déterminée à gagner la bataille »
Dans la foulée de l’annonce du retrait américain, la France a lancé une plateforme pour réunir les chercheurs, associations, entrepreneurs et ONG souhaitant travailler sur le changement climatique. Le site de candidature Make Our Planet Great Again a ainsi été mis en ligne dès le mois de juin et a reçu à ce jour plus de 250 candidatures. « Aujourd'hui, plus que jamais, nous sommes déterminés à mener (et gagner) cette bataille sur le changement climatique », peut-on lire sur la page d’accueil du site. Autre événement marquant de l’année, Paris a accueilli le 12 décembre le « One Planet Summit », à l'occasion du deuxième anniversaire de l'accord de Paris. En présence d’Emmanuel Macron, Jim Yong Kim, président du Groupe Banque mondiale, et Antonio Guterres, secrétaire général de l’ONU, le sommet avait comme objectif d’accélérer la lutte commune contre le changement climatique en rassemblant les acteurs de la finance publique et privée.
Des objectifs ambitieux sur son territoire
Cette position de leader sur la scène internationale est légitimée par les engagements forts adoptés par la France ces dernières années. Le pays a adopté en 2015 une loi de transition énergétique extrêmement ambitieuse, qui prévoit entre autre une réduction draconienne des émissions de gaz à effet de serre du pays ( -75 % en 2050 par rapport à 1990). L’autre objectif est de porter à 32 % la part des énergies renouvelables dans la consommation finale brute d’énergie en 2030 (contre 15 % aujourd’hui), en encourageant l’éolien terrestre et marin, mais aussi l’énergie solaire, la géothermie, l’utilisation de la biomasse et l’hydroélectricité. Et la France dispose de nombreux atouts pour y parvenir : deuxième gisement de vent d’Europe, cinquième en matière d’ensoleillement, elle abrite également le plus grand parc hydraulique d’Europe et le quatrième parc forestier. Grâce à ses avantages géographiques et à une réelle volonté des pouvoirs publics, la France est aujourd’hui le troisième producteur d’énergies renouvelables d’Europe, derrière l’Allemagne et l’Italie.
20 milliards d'euros pour le climat
Le nouveau gouvernement a confirmé son engagement en faveur de l’environnement avec la présentation en juillet du Plan Climat. Il doit permettre de mettre en œuvre l’accord de Paris sans pénaliser les ménages les plus modestes. Parmi les mesures-phare annoncées par Nicolas Hulot, ministre de la Transition écologique et solidaire, on retient l’élargissement de la prime à la conversion des véhicules et l’extension du chèque énergie pour aider les ménages modestes à payer leur facture. Enfin, un coup de pouce sera donné aux ménages souhaitant changer une chaudière au fioul très polluante. Pour que tous ces engagements ne restent pas lettre morte, le gouvernement a consenti un effort financier important et a débloqué une enveloppe de 20 milliards d’euros pour la transition énergétique. Sur le plan international, la France est le cinquième contributeur financier au Fonds pour l’environnement mondial, avec un engagement de 300 millions de dollars sur la période 2015-2018.
La France championne du recyclage
Dans le détail, les nombreuses mesures déjà adoptées permettent à la France d’avoir une longueur d’avance dans de nombreux domaines. Le pays dispose par exemple d’une filière de recyclage particulièrement dynamique, qui a permis d’éviter l’émission d’environ 22,5 millions de tonnes de CO2 en 2014, ce qui correspond à 80% de la consommation totale en électricité des foyers français. Le secteur emploie près de 125 000 personnes, soit 25 % de plus qu’il y a dix ans. Si la France peut compter sur ses champions nationaux, comme Veolia et Suez Environnement, elle abrite aussi une kyrielle de startups extrêmement innovantes, à l’instar de Canibal, qui a mis au point une machine unique au monde capable de fabriquer un plastique hybride à partir de bouteilles et gobelets usagés. Concernant la qualité de l’air, première préoccupation environnementale des Français, l’Hexagone est aussi à la pointe de l’innovation. Paris a par exemple lancé cette année avec la jeune pousse girondine Fermentlag une expérimentation pour dépolluer l’air grâce à des micro-algues intégrées dans une colonne Morris. Last but not least, avec 12,6 milliards d’euros investis en 2013, la France peut se targuer d’être le premier pays européen en terme de dépenses pour la gestion des eaux usées. Estimé à 380 milliards d’euros, le marché mondial de l’eau est un secteur porteur pour près de 750 grands groupes, ETI et PME françaises qui ont développé dans ce domaine un savoir-faire reconnu dans le monde entier.
Priorité à l’efficacité énergétique
Dans le domaine du logement, la France fait de la rénovation thermique une priorité nationale et vise l’éradication des « passoires thermiques » d’ici 10 ans. Pour encourager l’écoconstruction, elle propose des aides financières comme le crédit d’impôt pour la transition énergétique, l’Eco-prêt à taux zéro ou encore l’Eco-prêt logement social. Des mesures couronnées de succès puisqu’entre 2006 et 2015, le marché de l’amélioration de l’efficacité énergétique français est passé de 12,6 à 21,6 milliards d’euros. Mais l’efficacité énergétique passe également par l’amélioration de la distribution, de la consommation et du stockage de l’énergie. C’est là que les « smart grids », encore appelés réseaux électriques intelligents, entrent en jeu. Et la France est bien positionnée : au sein du marché mondial estimé à 30 milliards d’euros, la filière française des « smart grids » représente trois milliards d’euros. La question de la mobilité intelligente - un marché évalué à 4,4 milliards d’euros par an - est aussi au cœur des réflexions du gouvernement. Les vélos et voitures en libre-service se multiplient dans les agglomérations et au début de l’année le territoire comptait près de 16.000 emplacements publics de stationnement permettant de brancher un véhicule électrique. Un effort permettant à la France de devenir le deuxième pays européen pour le nombre de voitures particulières électriques (derrière la Norvège).
(c) AFP, Constance de Cambiaire